Fukushima : Un formidable espoir pour la biodiversité ?

Pour le grand public, c’est assez inattendu. Pour les biologistes spécialistes de l’évolution et de la biodiversité, c’est une occasion qu’ils guettaient depuis plus de 20 ans. Dès l’annonce du tsunami, ils ont afflué en nombre dans les environs de Fukushima, pour observer en temps réel l’apparition de nouvelles espèces végétales et animales. Comme le souligne avec enthousiasme le professeur Franck Instinct, spécialiste de l’écologie des systèmes perturbés, « Les plus grandes avancées scientifiques naissent toujours de la rencontre entre le travail laborieux du chercheur avec l’extraordinaire créativité de la nature ».

Des radiations mortelles aux précieuses mutations…

Ce n’est un secret pour personne : les doses massives de radiations (valeur) telles que celles émanant de la centrale accidentée endommagent gravement l’ADN des êtres vivants, conduisant bien souvent à leur extinction. Dans de rares cas néanmoins, elles permettent l’émergence de précieuses mutations génétiques, véritables moteurs de l’évolution des espèces. Le Pr Franck Instant nous le rappelle sur un ton débonnaire « Sans mutation génétique, l’humanité ne serait à l’heure actuelle qu’un sinistre ramassis de microbes ».

Une forte réactivité de la communauté scientifique internationale…

Les équipes de recherche sont toutes installées dans les zones les plus touchées, c'est-à-dire dans un rayon de 50 km autour de la centrale

Les équipes de recherche sont toutes installées dans les zones les plus touchées, c’est-à-dire dans un rayon de 50 km autour de la centrale

Le Pr Kaiko Ikuto, responsable du rutilant et désormais célèbre Centre de Recherche International sur la Biodiversité de Fukushima (CRIBF) nous raconte la fantastique génèse de ce projet « Lors de l’accident de Tchernobyl, la communauté scientifique n’était pas prête. Depuis 1986, on a travaillé d’arrache pied en prévision de la prochaine catastrophe nucléaire avec les plus grandes universités du monde entier pour mettre au point un protocole capable d’être déployé en moins de 48H et collecter des données en continu au cœur des zones les plus exposées pendant les 10 ans à venir. Après plus de 20 ans de travail, c’est une grande satisfaction pour nous d’avoir pu enfin voir ce projet aboutir ».

Une fourmilière au service de la découverte scientifique

« Certaines équipes sont venues avec leurs propres cobayes, mais la plupart observent directement les changements dans les populations animales et végétales de la région de Fukushima : avec une telle densité de radiation, la probabilité annuelle d’observer l’apparition d’une nouvelle espèce est de 7 % ! C’est énorme ! » précise K. Ikuto.

En septembre 2013, pas moins de 23 équipes représentant 15 nationalités étaient recensées au sein du CRIBF. Un bel exemple d’amitié entre les peuples !

Les premiers résultats sont d’ors et déjà au rendez-vous : une nouvelle espèce de sauterelle – appelée Tettigonia Oryctolagus – vient d’être mise au jour par l’équipe belge tandis que l’équipe congolaise parle déjà d’une nouvelle variété d’ortie aux propriétés aphrodisiaques.

La désormais fameuse « sauterelle – lapin » (source)

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